06 septembre 2017
Une consolidation nécessaire

Après un point bas mi-avril, suivi d’une reprise forte en fin de mois, on assiste depuis quelques jours à un mouvement de consolidation des marchés financiers : consolidation normale après la forte hausse de début 2013, ou signe précurseur d’un changement durable de tendance ? L’analyse macro-économique dans les grandes zones du monde peut nous aider à répondre.
Aux Etats-Unis l’évolution de l’économie reste favorable. La confiance des ménages s’améliore notablement, les demandes d’allocation chômage baissent régulièrement, et l’immobilier confirme son embellie. Ce constat est d’autant plus encourageant qu’il apparait dans un contexte de coupes budgétaires et d’augmentations d’impôts, liées à l’absence d’accord sur le « fiscal cliff ». L’économie semble absorber sans trop de problèmes ces effets récessifs automatiques. La croissance actuelle et ces baisses de dépenses non négligeables devraient se traduire par une forte baisse du déficit budgétaire en fin d’année. Du côté des entreprises la situation s’améliore également, si l’on en croit les révisions positives des prévisions des analystes pour les bénéfices 2013 et 2014.
Face à cette situation favorable de l’économie américaine, le grand débat actuel porte sur la politique monétaire de la FED et sur son inflexion possible à court terme. S’il est vrai que la FED ne pourra éternellement continuer cette politique très laxiste, il est probable qu’elle ira très progressivement dans son resserrement. Forte de l’expérience de 1994, où un changement brutal et non annoncé avait provoqué un krach obligataire, la banque centrale devrait agir beaucoup plus prudemment. Les ballons d’essai actuellement lancés par Ben Bernanke sont destinés à analyser les réactions du marché, quitte à s’adapter par la suite. La réunion du 16 juin de la Fed sera scrutée par tous les investisseurs et donnera sans doute des signaux forts pour les prochains mois.
Au Japon, le changement récent de politique monétaire et l’injection massive de liquidités, ont eu un effet immédiat sur le yen, dont la baisse nous ramène 10 ans en arrière, et sur l’économie. La production industrielle, les immatriculations de voitures, les ventes au détail, les exportations, indiquent tous une amélioration macro-économique bien plus rapide qu’attendue. Les problèmes de fond demeurent (dette abyssale, démographie …) mais la reprise de l’activité permettra d’engager les réformes structurelles prévues.
La situation des pays émergents est plus contrastée, avec trois pays leaders (Chine, Inde, Brésil) qui donnent des signes tangibles de ralentissement, et le reste du monde émergent qui dans l’ensemble se comporte mieux. En Chine la transition vers la croissance interne, voulue par le nouveau gouvernement, crée une incertitude sur le rythme de progression du PIB. Les derniers indicateurs ont été décevants sans être alarmants.
Reste le problème majeur pour beaucoup d’économistes : l’Europe. Nous réitérons notre avis que le point bas de la croissance pourrait intervenir prochainement, suivi d’une stabilisation, voire d’une légère amélioration en fin d’année. En Allemagne on voit dans les chiffres récents une remontée des ventes au détail et un accroissement de la confiance des consommateurs. La production industrielle semble également repartir depuis peu. La France et l’Italie continuent d’inquiéter, avec un chômage qui progresse fortement et un moral des ménages en berne. La prise de conscience récente, en France, de la nécessité d’agir vite et fortement via des réformes structurelles intervient tardivement, mais pourrait contribuer à redonner un peu de confiance aux investisseurs. Par ailleurs les délais accordés par l’Europe pour revenir dans les clous budgétaires devraient réduire l’effet récessif des politiques d’austérité menées jusqu’ici.
Nous constatons donc une évolution plutôt positive de l’économie mondiale et tablons sur une croissance en hausse dans les mois qui viennent. Les marchés financiers se sont très bien comportés ces derniers mois mais ils bénéficieront de moins en moins du catalyseur des politiques monétaires expansives. Ils pourraient poursuivre leur consolidation à court terme avant de reprendre des couleurs par la suite. Cela se traduit par quelques évolutions tactiques dans nos portefeuilles, avec des ventes de précaution sur les actions. Nous augmentons un peu nos positions dollar et restons à l’écart des emprunts d’état.
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