30 avril 2025
LE RAPPEL A L’ORDRE DE L’ECONOMIE AMERICAINE
Même si Donald Trump semble vouloir revenir sur ses violentes annonces tarifaires, l’incertitude qu’elles font peser sur l’économie américaine reste difficile à appréhender. Avant que les négociations n’aboutissent sur d’éventuels accords le scénario d’un fort ralentissement voire d’une récession reste plausible même si cela n’est pas le nôtre. Aujourd’hui, l’économie réelle aux Etats-Unis tient mais les indicateurs de confiance très dégradés témoignent du climat anxiogène que le président américain a installé.
Les dernières statistiques publiées aux Etats-Unis témoignent d’une résilience surprenante de l’économie en dépit du « tumulte trumpiste ». Le PIB du premier trimestre 2025 s’affiche pourtant à un niveau de – 0,3% mais cela est dû en bonne partie à une mauvaise contribution du commerce extérieur (explosion des importations pré droits de douane). Les ventes au détail sont toujours vigoureuses, le pouvoir d’achat tient grâce à des salaires en hausse d’environ 4%, le marché de l’emploi est encore solide et l’investissement contribue positivement. La production industrielle qui était jusqu’à peu le maillon faible de l’économie américaine a même récemment rebondi. Par ailleurs, les premières publications trimestrielles des entreprises américaines témoignent de leur bonne santé même si les prévisions futures sont empreintes de pas mal d’incertitudes qu’explique le contexte actuel.
En face de ces chiffres réels rassurants les indicateurs de confiance se dégradent sensiblement. La confiance du consommateur chute, les perspectives d’inflation remontent et l’optimisme des petites entreprises se replie. C’est la conséquence directe des annonces tarifaires de Donald Trump même si elles ont été ensuite, en dehors de la Chine, gelées. Il est urgent pour le président américain de trouver des accords avant que cette perte de confiance n’affecte l’économie réelle et ne fasse peser un risque de fort ralentissement. La Réserve Fédérale, soucieuse de son indépendance, reste prudente et préfère se donner du temps. Le risque sur la croissance s’accompagne d’un risque sur les prix, au moins provisoire, si les droits de douane étaient appliqués. Nous pensons qu’un scénario noir pour l’économie américaine devrait être évité mais l’incertitude demeure. L’image de l’Amérique dans le monde s’est récemment fortement dégradée et cela pénalise les produits américains ainsi que le tourisme aux Etats-Unis.
Les cent premiers jours de la présidence Trump ont contribué à resouder l’Europe. L’Allemagne commence à sortir de son dogmatisme budgétaire ce qui devrait permettre à l’Europe d’éviter une récession et même de repartir progressivement. Le PIB européen du premier trimestre s’affiche à + 1,2%. L’inflation n’est pas un sujet à court terme et la Banque Centrale Européenne devrait poursuivre sa détente monétaire, sans doute au-delà des attentes. La forte hausse de l’Euro contre le Dollar a un effet désinflationniste via le prix des importations mais elle pénalise le commerce extérieur de la zone euro.
La Chine fait face à des vents contraires liés à la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Le rebond récent des exportations, préalable aux droits de douane, pourrait laisser place à un coup de frein au moins temporaire. Même si un accord finit par être trouvé, ce qui reste aléatoire, des mesures de relance devront être annoncées par le gouvernement pour soutenir l’économie domestique.
Les incertitudes politiques débouchent sur des incertitudes économiques peu propices à la prise de risque. Nous sommes prudents sur nos mandats modérés et équilibrés en attendant d’y voir plus clair. Nous restons investis sur nos mandats dynamiques en gardant un équilibre géographique entre Europe et Etats-Unis.