06 septembre 2017
Des ajustements nécessaires

Ainsi une seule phrase, prononcée le 19 juin par Ben Bernanke, aura fait vaciller l’optimisme qui régnait sur les marchés financiers : « et si les prochaines données macro-économiques continuent de correspondre à nos attentes actuelles pour l’économie, nous continuerons de réduire le rythme de nos rachats d’actifs au cours de la première partie de l’année avant une fin des rachats vers la mi 2014 ».
Ben Bernanke confirme ainsi l’amélioration de la santé de l’économie américaine. La maintenir sous perfusion par du quantitative easing illimité apparait moins nécessaire même si le sevrage devra être progressif. A l’image d’un malade qui guérit grâce à une forte dose de médicaments, vient le temps de réduire les doses : si dans un premier temps il souffre tant il s’était accoutumé à leur effet euphorisant, il peut ensuite reprendre le cours normal de son existence.
Cette déclaration, pourtant au conditionnel, a fait brutalement remonter les taux aux Etats-Unis et, par contagion dans les pays cœur de l’Europe, ainsi que dans les pays émergents. En soi une hausse des taux longs, qui étaient anormalement bas dans la plupart des pays, n’a rien d’alarmant, mais la brutalité du mouvement a provoqué une mini crise sur les actions après des mois de progression. Avec un peu de recul, on s’aperçoit que la toile de fond de l’économie mondiale s’améliore réellement et que les taux longs américains remontent depuis plus d’un an (de 1, 6% à 2,5% sur l’emprunt 10 ans) sans que les actions ne souffrent. Aux Etats-Unis, comme le dit Ben Bernanke, la croissance est désormais sur un rythme solide, et ce en dépit de l’effet récessif des coupes budgétaires automatiques (on peut chiffrer l’impact de ces coupes dues à l’absence d’accord entre démocrates et républicains à environ 0,7% du PIB en base annuelle). Le taux de croissance devrait se situer entre 2,5% et 3% en 2013 et 2014, et du coup, les déficits budgétaires devraient se réduire fortement sur la même période. Cette croissance est soutenue par l’optimisme des ménages américains et par un rebond important de l’immobilier. A nos yeux, il ne manque plus que le redémarrage de l’activité industrielle et du marché du travail pour renforcer notre conviction.
L’Europe reste un sujet de préoccupation. Pourtant, là aussi, des signes positifs apparaissent même si la situation est différente selon les pays. Le point bas de l’économie a, semble-t-il, été atteint, et l’on peut s’attendre à une lente reprise de la zone dans la seconde partie de l’année. La France et l’Italie sont deux points noirs en Europe, avec leurs difficultés à réformer dans un contexte social et politique difficile.
La situation des pays émergents est plus compliquée, entre baisse de croissance dans les fameux BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et problèmes sociaux réels ou latents (Brésil, Turquie, Egypte…). La Chine continue de réorienter sa croissance vers l’économie domestique, mouvement qui se traduit par une réduction du taux global de croissance à environ 7% du PIB. Les marchés s’en inquiètent, mais il semble que les autorités ont la capacité à piloter cette transition de manière ordonnée. A court terme, la dynamique des pays émergents est sérieusement ébranlée, même si la zone reste un vecteur positif pour la croissance mondiale.
La toile de fond économique s’améliore donc, avec en corollaire une hausse des taux aux Etats-Unis, en Europe et dans la zone émergente. L’évolution des marchés d’ici à la fin de l’année dépendra de ces deux éléments, l’un positif, l’autre négatif. La hausse des taux longs est le signe d’une normalisation de l’activité économique. Elle sera compensée par une croissance plus forte des résultats des sociétés. Une fois l’effet de cette remontée des taux digérée, les marchés actions devraient se reprendre dans les prochains mois. Nous profiterons de cette consolidation pour être un peu plus audacieux dans nos portefeuilles.
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