31 octobre 2017
Le billet vert voit rouge

Une fois n’est pas coutume, l’été 2017 s’est révélé assez calme pour les financiers, oscillant entre d’une part des données positives sur l’économie et sur les entreprises et d’autre part des craintes géopolitiques ainsi que les conséquences de l’évolution de l’euro/dollar. Les marchés américains et émergents ont bien tenu, les petites valeurs européennes également, au contraire des grandes valeurs exportatrices qui ont pâti de la force de l’euro.
La toile de fond de l’économie mondiale reste favorable. L’Europe poursuit son redressement et les perspectives de croissance sont régulièrement rehaussées. C’est une croissance saine et coordonnée entre les différents pays de la zone, alimentée par un sentiment plus positif des agents économiques et par une politique monétaire toujours accommodante. Les résultats du deuxième trimestre pour les sociétés en Europe se sont révélés dans leur grande majorité satisfaisants. Par ailleurs, les perspectives ont le plus souvent été revues à la hausse par les analystes financiers. Ceci, conjugué au repli récent des marchés européens, se traduit par une valorisation moins élevée et par des opportunités d’achat.
L’amélioration de la situation européenne s’accompagne depuis quelques mois par un retour en force de l’euro contre toutes les devises, particulièrement le dollar. Depuis avril la parité euro dollar est passée de 1,10 à 1,20, en dépit d’une croissance soutenue aux Etats-Unis et de la poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine.
L’accélération de la hausse de l’euro trouve son origine dans l’inflexion du discours de Mr Draghi au Portugal au mois de juin. En affirmant que les forces déflationnistes avaient été remplacées par des forces reflationnistes, il a laissé la porte ouverte à une réduction prochaine du quantitative easing européen. En dépit des démentis et correctifs successifs, le ver était dans le fruit et l’euro commençait son ascension. Dans le même temps la faiblesse de l’inflation américaine et des questions récurrentes sur la soutenabilité de la croissance américaine fragilisaient le dollar et jetaient un doute sur le rythme de hausse des taux courts.
Il ne faut pas exagérer l’importance de la hausse de l’euro sur l’économie européenne. A 1,20 la parité reste favorable à notre continent. Par ailleurs nous ne voyons pas de raisons objectives à une poursuite majeure de la réévaluation de notre devise. D’une part nous pensons que Mr Trump finira par obtenir quelques succès, sans doute en premier lieu sur la réforme fiscale, redonnant encore plus de tonus à un pays dont la croissance récente reste ferme (cf les chiffres révisés à la hausse du PIB du deuxième trimestre). D’autre part la BCE restera probablement très prudente dans les mois qui viennent, ce qui devrait atténuer les vents porteurs sur l’euro.
Les actions européennes ont pris du retard sur les autres zones et le potentiel reste important, à mesure que l’embellie économique se confirmera, que la parité euro dollar se stabilisera et que la visibilité politique s’améliorera (élection probable de Mme Merkel en septembre).
Pour toutes ces raisons nous restons surpondérés sur les actions, avec une préférence européenne. Nous avions légèrement accru les liquidités dans les portefeuilles au début de l’été dans une logique de prise de bénéfices. Une fenêtre d’investissement pourrait s’ouvrir cet automne.
Bonne rentrée à tous.
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