27 juin 2025
INCERTITUDES ESTIVALES
La succession récente d’épisodes politiques et géopolitiques comme les annonces et contre annonces tarifaires de Donald Trump ou les évènements au Proche Orient altèrent la vision macroéconomique du monde. On peut factuellement à ce jour noter une légère décélération de l’économie américaine alors que la croissance des autres zones géographiques fait preuve d’une relative résilience. Les futures annonces sur les droits de douane sont à nos yeux l’élément clef qui déterminera le sens que prendra l’économie mondiale.
Depuis plusieurs mois nous vivons au rythme des annonces et des volte-face du président américain. Il menace avant de négocier et, si cette stratégie aboutira sans doute à des compromis acceptables, elle crée de la tension et affecte le moral des agents économiques. L’activité américaine faiblit progressivement sans rupture à ce jour. La croissance du deuxième trimestre devrait pourtant être assez soutenue (autour de 3%) mais artificiellement dopée par un effet stocks et commerce extérieur. Pour avoir une vision plus juste il faudra cumuler les premier et deuxième trimestre de l’année. On constatera alors cette érosion de l’activité qui doit nous inciter à la vigilance. Les ventes au détail sont en légère baisse, l’industrie est toujours faible, la construction ne rebondit pas. Le marché du travail demeure solide mais on ne sait pas s’il y a un effet retard traditionnel.
Les derniers chiffres d’inflation ont surpris positivement. Le déclin des prix se poursuit malgré la mise en place de droits de douane préliminaires. Difficile de dire si l’effet de ces droits de douane se voit déjà dans les chiffres récents où si on ne va les retrouver que dans les prochaines statistiques. Cette incertitude tarifaire ne facilite pas le travail de la Réserve Fédérale. La Banque Centrale hésite à baisser ses taux car elle craint une résurgence inflationniste post droits de douane. Nous pensons toutefois que la modération actuelle des prix, cumulée au ralentissement économique, incitera Jerome Powell à procéder à une ou deux baisses des taux au deuxième semestre.
Nous sommes donc un peu spectateurs des humeurs de Donald Trump et attendons d’éventuels accords tarifaires avec la Chine et l’Europe pour clarifier notre scénario économique. Heureusement, le récent cessez le feu entre Israël et l’Iran semble écarter un scénario d’un embrasement au Proche Orient et d’un emballement des prix du pétrole.
L’Europe est également tributaire de ces négociations. A ce jour, l’économie du continent poursuit sa lente remontée à des niveaux encore faibles. L’Allemagne et la France manquent de tonus et attendent l’effet espéré des grands plans de relance récemment annoncés. L’Italie et surtout l’Espagne montrent davantage de dynamisme. L’inflation européenne est maîtrisée et permet une politique monétaire conciliante. La forte hausse de l’Euro contre le dollar (+ de 10% depuis janvier) réduit l’inflation importée mais rend moins compétitifs nos produits à l’exportation.
L’activité chinoise s’est stabilisée mais ne semble pas accélérer en dépit des nombreux plans de relance budgétaires et monétaires de ces derniers trimestres. Le moral des ménages est toujours impacté et peine à se relever depuis le triste épisode du confinement sanitaire. Pour les Chinois un accord tarifaire avec les États-Unis est également un sujet prédominant. Il apporterait davantage de visibilité et soulagerait les investisseurs.
Ces incertitudes estivales ne nous incitent pas à modifier sensiblement notre gestion. Nous souffrons de la baisse du dollar contre l’euro depuis six mois, compensée en partie par le récent rebond des actions américaines. Nous sommes assez neutres sur nos allocations actions mais nous nous efforçons de respecter les équilibres géographiques et sectoriels en attendant les annonces tarifaires de cet été.
Bon été à tous !